De Wilfried BURCHETT et Derek ROEBUCK
Cahiers libres 332 / François MASPERO
Trouvé dans un vide - grenier à 0.50 €
Au milieu des années 70, une guerre, en Angola, ancienne colonie portugaise.
Cruauté, barbarie, terreur.
Des témoignages des plus chanceux, des vivants, civils, soldats FNLA, mercenaires.
D’un côté, le MPLA (Mouvement Populaire de Libération de l’Angola) veut tout simplement vivre libre. Ils sont soutenus par l’Union Soviétique et Cuba, matériellement et financièrement, envoient des instructeurs.
De l’autre, l’UNITA (Union Nationale pour l’Indépendance Totale de l’Angola) et le FNLA (Front National de Libération de l’Angola). Ces deux partis et leur armée respective ont fait un pacte pour détruire la « vermine communiste ». Ils sont clairement pro - colonialistes et dictateurs en herbe. Beaucoup de pays africains n’hésitent pas à envoyer des troupes (Afrique du sud, Zaire…) pour leur venir en aide, la CIA soutient financièrement et l’Angleterre s’occupe du recrutement de mercenaires en Europe.
C’est principalement du recrutement de ces hommes, de leur participation à cette guerre et de leur procès, fait par la justice révolutionnaire angolaise (MPLA) dont parle ce livre.
Comprendre le recrutement, le rôle de la CIA, du FBI, du gouvernement britannique, comment devenir « chien de guerre », les mensonges, les trahisons.
Comprendre pourquoi tant de massacres de civils et envers une douzaine d’entre eux qui ne voulait plus se battre car cette « opération » fut une catastrophe, «un bel exemple de cafouillage militaire et d’inefficacité. »
Ces hommes étaient tous volontaires. Il y avait des types au chômage, d’anciens militaires virés, des schizophrènes, des anti-communistes, des racistes purs et durs. Attirés par l’aventure et l’argent, peu avait des idéaux. Certains n’avaient jamais tenu une arme. Des ignorants s’étaient engagés pour devenir des héros et s’enrichir… En tuant et en pillant les richesses d’un pays, peut-être des diamants (jamais trouvés).
« Ils avaient leurs propres règles et n’étaient responsables devant une seule autorité-leur chef-, qui avait sur eux droit de vie ou de mort. »
Petite annonce parue dans le Daily Express, le 2 /06/1975:
----------------------------------------------------------------------
On recherche parachutistes, ex-commandos
Soldats SAS pour travail intéressant à l’étranger
Tel : Camberley 3356
----------------------------------------------------------------------
Blague de mercenaire : « Engagez-vous dans l’armée, visitez des pays lointains, rencontrez des gens intéressants et tuez-les. »
En Angola, ce fut un fiasco pour les mercenaires, mais au Liban, au Yémen, au Biafra, au Congo, en Jordanie, en Algérie, ils ont été « efficace ».
Ce livre parle aussi de la Rhodésie (actuel Zimbabwe), avec une interview d’un mercenaire :
_« Est-ce que vous leur avez demandé pourquoi ils (les nouvelles recrues) s’était engagés dans l’armée rhodésienne ? »
_ « La plupart avait les mêmes raisons que moi. C’était parce que leur propre pays était devenu tellement dégénéré qu’ils ne pouvaient plus supporter d’y vivre. La plupart comme moi, sont partisans de la discrimination raciale. En tout cas, ce n’est pas pour faire de l’argent qu’on s’engage dans l’armée rhodésienne. »
Seul les mercenaires de souche européenne étaient les bienvenus. Certain souhaitait revenir au temps des colonies mais l’écrasante majorité était au chômage.
La France, bien sûr, a ses mercenaires. On les retrouve tous dans l’OAS, Ordre Nouveau, Groupe Action Jeunesse ou les Phalangistes. Plusieurs fois, ils ont tentés d’assassiner de Gaulle, d’autres ont préférés les enlèvements contre rançon. Tous ou presque ont fait l’Algérie, l’Indochine, le Liban…
Spaggiari et ses acolytes, ayant fait le fameux casse de Nice, le « casse des égoutiers », étaient mercenaires ou entretenaient des liens avec des mercenaires. Cet argent aurait servi à l’extrême droite européenne ou/et au recrutement des nouvelles recrues et aux entraînements.
Ces tarés avaient même leur défenseur chez les personnalités : Kay, mercenaire de son état, qui fut jugé pour détournement d’avion, a été défendu par Malraux pour « ses valeurs chrétiennes et son idéalisme ».
Le service d’ordre de Giscard, quand il était président (si, si, il l’a était), était composé de mercenaires s’étant entraînés et battus au Liban.
Ce bouquin parle aussi des anciennes et des nouvelles lois, pas nombreuses, de divers pays d’Europe et d’Afrique, suite à l’affaire très médiatisées des massacres en Angola et du combat international contre la menace internationale (capitalisme contre communisme) interdisant l’accès à tout homme suspecté d’être mercenaire.
Ce livre a été édité en 1977. Qu’en est-il aujourd’hui ? Quelle évolution pour ces armées fascistes ? J’ai lu quelque part que le MNR de Mégret formait ce type d’assassins et les envoyait en Tchétchénie ou en ex-Yougoslavie. Rumeur ou info ? En tout cas, ça m’étonnerait pas.